Il y a 3 ans, j’ai mis Nomad Interior sur pause, pas par manque d’envie, mais parce qu’un projet complètement fou s’est présenté à moi : rénover un riad à Marrakech pour en faire un lieu unique. Un rêve immense, intense, épuisant, mais tellement exaltant. Aujourd’hui, un an après l’ouverture du Riad Roca, je sais que c’était l’une des plus belles décisions de ma vie.

À l’époque, je pensais faire une pause temporaire dans la vente de déco, mais avec le recul, je me rends compte que ce n’était pas une pause, c’était une transition. Une transition vers autre chose, vers ce que je suis devenue, et vers ce qui me fait vibrer aujourd’hui.

La boutique Nomad Interior, je l’ai lancée il y a presque 8 ans, sans stratégie, sans business plan, juste avec mon cœur et ma passion. Après une rencontre magique au Maroc, j’ai tout appris sur le tas, j’ai bossé comme une dingue, j’ai porté des responsabilités parfois écrasantes et j’ai pris des risques pas toujours maîtrisés. Et je n’ai aucun regret. Cette aventure m’a fait voyager, grandir, rencontrer des artisans incroyables, découvrir une autre manière de vivre et de créer, et surtout, elle m’a permis de rassembler cette communauté bienveillante et curieuse qui me suit dans toutes mes idées un peu folles. Vous m’avez encouragée lorsque je doutais. Vous m’avez poussée à croire en mes rêves et vous m’avez aidé à les réaliser. Et rien que pour ça, je tiens vraiment à vous dire merci.

Mais aujourd’hui, je dois être honnête, je ne me sens plus alignée avec le fait de vendre de la déco. Je ne suis pas une vendeuse, je n’ai jamais été une commerçante. Ce qui m’anime profondément, c’est aller à la rencontre des autres, comprendre les savoir-faire, créer des projets qui ont du sens, et vous faire découvrir le Maroc autrement.

Et puis il y a l’envers du décor. Vendre de l’artisanat, c’est accepter les imprévus, la lenteur, l’imperfection. Mais entreprendre en Belgique, c’est tout l’inverse : des charges lourdes, très peu d’aide, une pression constante pour aller plus vite et vendre plus mais toujours moins cher.

Et je dois l’avouer, vendre en Europe aujourd’hui est devenu un vrai casse-tête et l’énergie que ça demande est immense. Les clients sont plus exigeants et moins patients. Mais surtout, la manière de consommer a changé. Les grandes enseignes ont banalisé les promotions permanentes et proposent des réductions à tout va. Et forcément, ça fausse les repères. On n’ose plus acheter au prix juste, on attend les promos alors que derrière un objet artisanal, il y a des heures de travail, du savoir-faire, des imprévus, des erreurs, des mains, de la vie. Ce fonctionnement ne me ressemble pas. Je n’ai pas envie de gonfler artificiellement les prix pour pouvoir ensuite proposer de fausses réductions. Je préfère rester dans une logique simple et honnête, où le prix reflète la valeur réelle du travail et du temps derrière chaque pièce.

Pendant des années, jai tenu bon, j’ai tout donné. Mais à quel prix ?

J’ai tenté de faire grandir l’équipe, j’ai porté des responsabilités énormes, et j’ai fini par travailler pour payer des charges, des salaires, des taxes, pour survivre. Pas pour créer avec passion. Pas pour faire les choses avec le cœur.

Et ça, ça ne me ressemble pas.

J’ai fini par me perdre. Il y a eu tant de moments où je me sentais complètement dépassée, où je ne voyais plus d’issue, où chaque nouvelle galère me paraissait insurmontable. Ces moments où tout s’écroule parce que je n’avais plus rien à donner. Et le pire, c’est de savoir qu’il n’y a personne derrière pour nous rattraper, parce que quand on est indépendant et qu’on touche le fond, il n’y a rien. Pas d’aide, pas de pause ou de possibilité de lever le pied, et pas le droit de dire qu’on va mal. Il faut juste continuer, coûte que coûte. Même quand on est à bout.

Le projet du riad est arrivé comme une vraie bouée de sauvetage. Au-delà du rêve, c’était une nouvelle aventure concrète, qui m’a permis de me reconnecter à ce que j’aime vraiment faire : imaginer, créer, construire avec mes tripes et mon cœur. Ça m’est tombé dessus au bon moment, juste quand j’étais en train de perdre pied. Alors j’ai suivi ce chemin, et forcément, j’ai commencé à laisser Nomad flotter un peu en arrière-plan. Et même si vous étiez encore là, à me demander des réassorts, à m’envoyer des messages adorables, j’ai senti que je n’avais plus la même énergie. Aujourd’hui, je pourrais relancer la boutique, mais je n’en ai plus la force ni l’envie. Je me sens désalignée. J’ai besoin de retrouver du sens et de la passion.

Alors aujourd’hui, je prends la décision d’arrêter la vente d’articles de déco. Je me libère de ce qui m’épuise et je me consacre à 100% à ce qui m’anime vraiment :

  • accompagner des pros et des particuliers dans leur découverte de l’artisanat marocain
  • créer et sélectionner des objets uniques en toute petite quantité, pour les clients du riad ou juste parce que j’en ai envie
  • imaginer des expériences à vivre ici à Marrakech, comme des ateliers avec nos artisans, des moments de partage et de découverte du vrai Marrakech
  • développer l’Atelier Nomad pour en faire ce lieu unique qui peut accueillir vos événements et projets
  • et surtout, donner vie à toutes les idées que je garde au chaud depuis des mois

J’ai peur, bien sûr. J’ai des doutes et j’ai peur de décevoir. Mais au fond, je sais que c’est la bonne décision. Ce n’est pas un adieu à Nomad, c’est une transition. Il y a encore tant de projets que j’ai envie de faire vivre ici, à Marrakech. Des choses plus humaines, plus vibrantes.

Merci pour ces 8 années. Pour votre confiance. Pour vos messages, vos commandes, vos mots d’encouragement. Sans vous, rien n’aurait été possible. Merci d’avoir cru en moi.

Aujourd’hui, je me donne le droit d’avancer, de tourner une page, pour en écrire une nouvelle. ♡ 

Caroline